samedi 3 février 2018

L'art d'écrire un récit de voyage - Le treck - 1/2



J3 : ZAMZAM

"On y va" en Népalais. Et oui, c'est parti! On attaque fort, des escaliers qui montent, qui montent, à un rythme rapide. Cela fait 5 minutes, j'étouffe déjà. Nous ne sommes pourtant qu'à 1500 mètres d'altitude! 30 minutes, je vomis. Les paysages sont magnifiques, des rizières en terrasse, mais je me demande si je n'ai pas vu trop grand. Si je vais être capable, si cette aventure n'est pas aussi déraisonnable que la fois où j'ai dévalé une montagne à vélo. Je pense à Mike Horn, je me dis que je n'ai pas le choix, que c'est une chance d'être ici et que je dois profiter!
Le rythme ralentis, je respire, ça y est, je suis vraiment partie. Nous ne croisons aucun touriste, juste quelques Gurung*. Nous discutons avec le guide. Nous croisons même une déesse!!!


Il s'agit d'un arbre vénéré par les bouddhistes de la région. Bichram et Biru sont de la même ethnie, de l'est de Katmandou. Ils sont bouddhistes et mange de la vache en cachette, sacrilège dans un pays où la moitié de la population est hindoue!
La fin de la ballade est relativement facile. nous arrivons là où nous dormirons ce soir. Il s'agit d'une petite chambre d'hôte dans la montage plus que d'un réel logement chez l'habitant mais l'endroit est charmant. Les femmes travaillent aux champs, en contre-bas. C'est très fleuri. Le soleil pointe le bout de son nez, il fait chaud.
Nous discutons en attendant le repas. Bichram est marié, il a un fils de 6 ou 7 ans, Alex. Biru est étudiant en droit, il a 25 ans. Bichram est fan de foot, il porte un maillot de l'euro 2016.
Le repas népalais qui nous est servi est très bon et même pas épicé.


Nous repartirons  balader vers 15H30. Pour l'instant nous profitons de cette halte, assise dans l'herbe au soleil. Le bruit des oiseaux et les voix d'hommes travaillant aux champs au loin nous parviennent. on entend même des cigales!


En traversant le village, on sais qu'on est au bout du monde. C'est de tout beauté. Les femmes dans les champs, des enfants qui jouent ou qui aident, à cette heure l'école est finie. Les visages sont souriants. Il y a une certaine gaieté dans l'air malgré le temps devenu nuageux. J'ai envie de tout prendre en photo, je regrette de n'avoir que mon portable, je me sens aussi un peu comme une intruse, légèrement mal à l'aise. J'essaie de garder en mémoire les clichés que j'aurais pu prendre.J'aimerais parler avec les gens, je n'ose pas plus. Etre là, dans ce monde qui n'est pas le mien, sans y avoir été invité, je ne veux surtout pas importuner. Les gens répondent pourtant très chaleureusement à mes "Namaste". Le guide pourrait traduire, il serait possible de ne pas être de simples spectateurs...je n'ose pas.

Cette journée est vraiment fabuleuse, tant les paysages et le village Gurung respire la sérénité, la beauté et le calme. Je me sent apaisée, dépaysée,  heureuse.

Des montagnes gigantesques nous entourent mais nous n'en voyons rien, trop de nuages...Demain, nous aurons peut-être plus de chance.

J4 : SANGSUES

Voilà l'événement le plus marquant de la journée, mais j'y reviendrai.

Le petit déjeuner nous est servi sur le toit terrasse au-dessus de notre chambre et de là, nous apercevons les sommets : Annapurna I et cul-de-poisson! Au moins, nous pourrons dire que nous les avons vus!!!



Dès le départ, la marche s'annonce difficile. Nous ne sommes plus seules, un autre groupe fait route avec nous. Il faut monter sans cesse et toujours ces marches qui se succèdent et qui ne semblent jamais finir. Nous pénétrons dans une forêt tropicale : humide, luxuriante, grandiose!!!


Bichram nous dit qu'il a prévu du gros sel pour les sangsues mais que nous ne devrions pas en croiser car ce n'est pas la saison! A partir de là, notre marche se fera au rythme des sangsues. Au départ, nous nous arrêtons beaucoup pour les faire tomber de nos chaussures, voir de nos pantalons mais nous comprenons vite que plus nous nous arrêtons, plus nous en avons!!! Voilà une bonne motivation pour opter pour une cadence élevée car même si ces petites bêtes ne sont pas bien impressionnantes, l'idée d'être attaquée par ces petits vampires ne m'emballe pas du tout! Et Biru qui marche en tongs! Aux montées, succèdent les descentes et ainsi de suite et toujours de longues portions avec marches! J'ai pris de la ventoline ce matin, je tiens mieux le choc mais il me semble que je dois être écarlate et que tout mon corps dégage une chaleur intense. Mon amie vient de se faire mordre, ça saigne beaucoup. Le gros sel est effectivement très efficace. Nous poursuivons. Nous marchons avec le groupe qui a dormi avec nous au refuge. Un temps je prends la tête de la marche : devant moi, la forêt vierge, je traverse une ou deux toiles d’araignée, je ne pense même pas à quelle genre d’araignée elles peuvent appartenir, une force me pousse à avancer, je suis fière d'être là. En même temps, les marches à gravir s’enchainent, je n'en peux plus, j'ai peur de ralentir le groupe. Je ne lâche rien, une nouvelle fois, je pense à Mike Horn.

Pause déjeuner dans une petite prairie. Le moment de repos fait du bien. Il fait bon, je profite de mon thermos de thé, nous nous allongeons un instant dans l'herbe fraîche. Le plus dur est derrière nous d'après le guide. Pour autant, l'après-midi est difficile. Mon sac me semble soudain très lourd. Il n'y a presque plus de marches mais le terrain n'est jamais plat. On entame une longue montée caillouteuse. A chaque virage, j'espère voir le bout de mon effort mais il faut toujours et encore mettre un pied devant l'autre. De sorte que l'arrivée s'avère presque magique!


Un drapeau bouddhiste flottant au vent marque le retour à la civilisation.Ce moment a une vraie valeur. En plus, l'endroit est vraiment charmant et nous sommes dans une chambre double, pas un dortoir.

 Je découvre les traces  d'une morsure de sangsue sous mon bras droit. Nous nous changeons vite pour des vêtements propres et secs. On découvre encore quelques sangsues sur et dans nos chaussures! mais très vite nous rechaussons et allons nous balader, il est très tôt, seulement 14h30-15h. Derrière le lodge "Happy Heart" de Panchase (2150 m), nous découvrons un coin étonnant, très vert, avec une grande mare. L'ambiance y est particulière avec la brume qui y règne. On pourrait se croire en Ecosse ou dans un film fantastique, il ne manque que quelques fées... Nous sommes seules. Je me dit que les quelques minutes passées là mérite à elles-seules le voyage accompli.


De retour à l'hôtel, un nouveau Dal bhat** nous attend. J'interroge Bichram, les népalais mangent-ils toujours le même plat? La réponse est oui, à quelques exceptions près. Des pommes de terre frites, des pâtes ou un plat de soupe, mais rarement. Du pop-corn à l'apéro!

De retour dans la chambre, nous réglons le réveil sur 4h45! Si le temps le veut bien, nous partirons demain à 5h avec nos frontales pour Panchase Hill (2550m) afin d'admirer la chaîne des Annapurnas au lever du Soleil. Je ne suis pas trop optimiste, mais j'espère.

Pour l'instant, il faut dormir. Il fait nuit noir, il est 19h30. L'humidité nous glace. Les matelas eux-mêmes sont humides, nos vêtements ne sèchent pas. La cabane, charmante, qui nous abrite laisse entrer le froid de toute part. Heureusement nous avons nos polaires et nos duvets.


*Gurung : ethnie tibéto-birmane himalayenne vivant principalement dans la région de Pokhara au Népal.
** Dal bahat : plat traditionnel népalais


2 commentaires:

  1. merci pour ce très beau partage, ça m'a un peu transporté avec toi, la-bas à l'autre bout du monde....
    MAGNIFIQUE
    j'espère qu'on se verra pour échanger en "live" à ce sujet
    bises à vous 3

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    1. Merci!! Oui, j'espère qu'on aura l'occasion de se voir bientôt, ça fait trop longtemps!

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