dimanche 22 avril 2018

L'art d'écrire un récit de voyage - la fin du voyage





Jour 9 : BODHNATH

Ce matin nous partons pour le plus grand stupa du pays. Je suis impatiente d'approcher un lieu sacré du bouddhisme. Le monument, qui a été restauré depuis le tremblement de terre de 2015, est vraiment impressionnant. Les yeux  peints  à sa surface semblent nous fixer. Les drapeaux de prières fixés en haut du dôme semblent vibrer sous l'effet de la bise. Il faut tourner dans le sens des aiguilles d'une montre autour du stupa. Et faire tourner les moulins à prières.

Je ne sais pas trop le type de prières qu'il convient de faire mais je prie très sincèrement pour une vie remplie d'amour. Savoir en donner plus, savoir en recevoir. Un monde rempli d'Amour me semble la plus belle prière à adresser à l'Univers et cela correspond bien à ce lieu. Ici, les hôtels s'appellent : "Hapiness Hôtel", "Friendship Home Stay", "Peace Hotel"... Je prie aussi pour des amies qui espèrent tant la venue d'un petit bébé.

Nous entrons, après nous être déchaussées, dans un monastère. Des moines tibétains prient; les chants résonnent; un gong ponctue leurs prières. Je suis un peu gênée de visiter un lieu sacré dont je ne maîtrise pas les codes, je ne voudrais pas commettre d'impair. Je suis en même temps extrêmement heureuse de me trouver là.  Je pensais, il y a peu de temps encore, ne jamais voir ce type d'endroit qu'à la télé ou au cinéma ("Mange, Prie , Aime"* a surement contribué à mon désir d'évasion!). Nous ressortons rapidement, cela nous semble plus respectueux.

Autour du stupa, des chiens endormis, beaucoup de pigeons, quelques mendiants, des touristes locaux et occidentaux, quelques moines aussi.

Après nos deux premiers tours, nous faisons une pause devant un panneau explicatif : le monument forme un mandala seulement visible par Bouddha, le dôme symbolise l'univers, les hommes y déposent une peinture ocre,


les deux yeux, le nez est le symbole du nirvana; les 13 marches avant d'arriver au lotus pour représenter la compassion et la pureté; le parasol protége Bouddha, Dharma et Sangha et tout en haut, le roi de toutes les montagnes.
Puis nous enchaînons les tours pour étudier les boutiques, cela me donne le tournis et provoque à nouveau un léger sentiment de gêne. J'achète un bol chantant tibétain artisanal, cela me semble être le bon endroit.

Nous mangeons sur un toit- terrasse avec une belle vue sur le stupa et nous choisissons encore une fois des momos, spécialités tibétaine.

Puis nous nous décidons à rejoindre à pied le monastère de Kopan. Nous ne cessons de demander notre route "Kopan gompa??". Le lieu nous offre une vue dégagé sur Katmandou mais la balade n'a pas grand intérêt et le monastère n'est pas ouvert au public.


De retour à l'hôtel, nous sommes crevées. Un échange avec mon mari et mon fils me redonne un peu d'énergie. Nous repartons pour Thamel, le quartier touristique de la capitale, afin de faire quelques emplettes avant le repas : un pashmina pour mes futures séances de yoga, du miel de l'Himalaya pour mon père, du café pour mon mari, un bouddha se reposant sur sa jambe pour moi, un rieur pour mon frère. Horreur, les cinquante euros que je viens de changer ont disparu, il ne me reste même plus de quoi payer mon repas!

Jour 10 : sans titre

Pour notre dernier jour, nous nous lançons un nouveau défi : prendre un bus pour rejoindre Baktapur. D'abord, traverser Thamel. Puis trouver Ratna parc. L'agitation, la poussière, sans cesse les coups de klaxon, manquer de se faire écraser....marcher dans Katmandou est une épreuve! A Ratna parc, seulement des bus locaux; certains sont tout petits bleus à 3 roues avec deux petites banquettes parallèles à la route : nous ne monterons pas dans ces engins qui ne ferment même pas. Nous hésitons à nous rabattre sur un taxi mais c'est la fin du séjour, je n'ai plus beaucoup d'argent. Le taxi coûte environ 800 roupies quand un billet de bus en vaut 25!

Nous persévérons et trouvons une autre place au delà des passerelles aériennes surplombants les plus gros axes, totalement infranchissables à pied. Nous montons à bord, sans être totalement sûres d'embarquer pour la bonne destination. J'ai moins peur qu'en voiture: je ne vois pas la route.
Baktapur est plus calme il y a moins de véhicules mais  beaucoup plus de touristes et notamment des français!

Le Durbar square** est impressionnant, le reste de la ville aussi. Mais si le travail de chaque morceau de bois, les sculptures monumentales en pierres font des temples comme de chaque maison newar une merveille, c'est les stigmates du tremblement de terre qui me marquent le plus. La reconstruction est active mais elle peine à masquer les dégâts.




Des femmes battent le riz.

Des vaches et des chèvres se baladent.

Nos croisons aussi des manifestations politiques.... Je trouve enfin le petit yak que je veux acheter à mon fils! Le quartier des potiers est vivant, un homme fait tourner une pierre à l'aide d'un grand bâton et lorsqu'elle est lancée se jette sur un morceau de terre pour réaliser des pots de terre d'une incroyable régularité!


Les façades de certaines rues étroites semblent ne tenir que grâce à quelques étais posés entres elles! Le décor majestueux de cette ville hors du commun (que l'on peut retrouver dans le film "Little bouddha") fini par opérer sur moi.

Nous rentrons en taxi et trouvant encore la force de déambuler dans Thamel pour les derniers achats. Du thé pour ma sœur, un bracelet pour ma mère, des drapeaux de prières... Ce soir, nous nous offrons un beau restaurant, dans une petite cour charmante, avec des musiciens. Coca, pizza, thé. Pas très typique, tant pis. Je n'en peux plus des Daal Bhat et des currys,  même les momos ne me font lus envie. Pas de chance, alors que c'est notre repas le plus cher, mon amie est malade dans la nuit. Elle soupçonne la pizza, moi je pencherais plutôt pour le masala chaï*** Elle qui était contente pendant le repas de ne pas avoir été malade de tout le séjour. De mon côté, je suis heureuse et étonnée de n'avoir mal nul part malgré la marche, le sac à porter. Durant la nuit, j'ai eu tellement mal à la nuque que j'ai rêvée que je faisait une méningite!!! Il s'agit d'un simple torticolis. Nous aurions mieux fait de nous taire....

Jours 11 et 12 : retour

Il est 22H30. Nous sommes parties à 10H de l'hôtel. Nous sommes maintenant à Bombay. Encore 12H avant d'être à Paris et il faudra encore plus de 3H avant d'être de retour dans le sud et serrer mes hommes dans mes bras! Soit, des heures de patience. L'aéroport de Katmandou: à l'image de la ville, part dans tous les sens, dans une grande désorganisation générale.  Nous faisons 3 fois la queue pour enregistrer nos bagages. Notre avion n'est jamais annoncé mais rien ne nous dit non plus qu'il est en retard. A y regarder de plus près, l'heure sur le billet ne correspond pas à l'heure prévue ni à celle affichée. Enfin, avec 2 heures de retard nous avons décollé. Magique la vue sur la chaîne de montagnes. Voler me fait très peur que c'est beau!
J'ai faim et soif, j'accueille avec soulagement le fait qu'un repas nous soit servi, vive le curry hyper épicé et le riz!
Je voulais voir Katmandou , Katmandou m'a étourdie, abasourdie. Cette ville est TROP, trop polluée, trop bruyante, trop sale, trop étonnante.

Le trek dans les montagnes était magique mais la route pour y accéder trop dangereuse.
L'ashram, une expérience si riche mais si déstabilisante.
Je termine ce voyage heureuse de l'avoir accompli. Curieuse de connaître le bouddhisme, le yoga au sens large du terme. Avec l'envie de laisser de la place à plus de spiritualité dans ma vie. Avec l'envie aussi confirmée que j'ai besoin de me rapprocher de la nature. Pourquoi pas une grande marche en famille dans les Cévennes? Comme mon père nous amenait avec ma sœur quand nous étions petites! Mais je n'ai plus envie de m'éloigner d'eux. Ma seule richesse, c'est ma famille. Je les aime, il me manque et je veux leur donner tout mon amour. Quand ils sont là il ne me manque rien d'essentiel. Mon essentiel, c'est eux.

Mon mari et mon fils m'ont fait la surprise de m'attendre à Paris! Ils sont devant moi dans le Hall 3 de la Gare de Lyon. Je serre mon fils tout contre moi. Les 3 heures à venir ne me portent plus peine ❤️.


FIN.



* Mange, prie, aime : Film de 2010 réalisé par R. Murphy avec Julia Roberts.
**Durbar square : Place centrale des anciennes villes royales du Népal.
***Masala chaï : boisson traditionnelle préparée à base de thé noir, de lait et infusée aux épices.